Le secteur médico-social aujourd’hui

Roger SALBREUX

Si l’on veut rappeler brièvement l’histoire du secteur médico-social, ce que j’ai fait en maintes circonstances, au point que chacun sait certainement d’avance ce que je vais dire, il suffira pour aujourd’hui de rappeler qu’il est né, réglementairement parlant, lors du décret du 9 mars 1956 et que l’idée sous-jacente à sa mise en place était de permettre aux personnes engagées dans des difficultés complexes, à la fois médicales et sociales, caractérisées par leur chronicité, de pouvoir bénéficier simultanément de l’éducation et des soins .Pour comprendre pourquoi l’Éducation nationale s’est sentie d’emblée et au moins partiellement, exclue de ce système, il faudrait que je vous raconte ce qui s’est passé en 1943, sous l’occupation, et ce serait trop long pour un propos introductif : je vous renvoie pour cela à l’undes articles du numéro 122-123 du Journal des anthropologues, « Handicaps », sorti en décembre dernier. En l’absence d’autres solutions possibles, ce secteur a connu un développement exponentiel pendant les trente « glorieuses » puis, après les lois du 30 juin 1975, une importante évolution, qui peut être assimilée à une révolution tranquille, dirigée à la fois vers la création des services ambulatoires (CMPP et CAMSP) et de services à domicile (SESSAD et SAMSAH, etc.).Parallèlement, se mettait en place un certain rattrapage au niveau des hébergements pour adultes,car il fallait bien répondre à cette réalité que les enfants des trente glorieuses étaient entre temps devenus des adultes sans solution : ce dernier n’est d’ailleurs pas terminé.Toujours en même temps, la technicité du secteur médico-social s’est notablement affaiblie, par un lent amenuisement en nombre et en qualification du personnel soignant et éducatif, les postes d’enseignants, d’ergothérapeutes, de kinésithérapeutes, de psychiatres, et de psychomotriciens devenant de plus en plus insuffisamment pourvus pour des raisons diverses,faites tout à la fois de restrictions budgétaires, d’absence d’attractivité des carrières et de pénurie par limitation des promotions. Or, les établissements et services médico-sociaux tiennent une place importante en psychiatrie, surtout en psychiatrie infanto-juvénile où ils représentent plus de la moitié de l’offre de soins. Tout comme le secteur public et à la même époque, ces institutions médico-sociales ont connu, immédiatement après la seconde guerre mondiale, le mouvement d’humanisation et les avancées de la psychothérapie institutionnelle, dont la pratique, assez consommatrice de temps devient impossible avec un nombre d’accompagnants réduit. Néanmoins, de nombreuses équipes s’efforcent de maintenir une dynamique institutionnelle comme l’un des meilleurs moyens de conserver l’efficacité de leur projet et la valeur thérapeutique de leurs services.Enfin, sur les deux ou trois dernières décennies un important mouvement d’idées s’est développé et a abouti à modifier le regard porté sur la problématique du handicap : en bref, cette situation n’est plus une question uniquement médicale, mais un affaire de société. Se considérant à juste titre comme discriminées, les personnes handicapées ont fait reconnaître leur qualité de citoyens à part entière, les enfants sont désormais inscrits à l’école de proximité, chacun, adulte ou enfant (ce dernier bien entendu avec l’aide de sa famille), construit son propre projet de vie et les professionnels l’accompagnent. Intégrant ces modifications profondes, les deux lois du AsPi / TEXTE INTRODUCTIF R. S. / SECTEUR MÉDICO-SOCIAL-3 ® 02-03 2011 22 janvier 2002 et du 11 février 2005 ont naturellement assez sérieusement changé l’organisationinitiale…
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Handicap, compensation, soins

Martine Barrès

Mon parcours professionnel m’ayant amenée de la psychiatrie de secteur à la santé publique, que j’ai exercée principalement dans les domaines de la santé mentale (à la direction générale de lasanté) et des handicaps d’origine psychique (à la direction générale de l’action sociale), c’est de cette expérience que je vais tirer quelques réflexions, en écho à tout ce qui a déjà été dit ici.La période d’opposition entre maladie et handicap est-elle révolue ? :Il a bien existé un double déni : déni de reconnaissance du handicap des personnes malades mentales, déni de compétence de soignants en psychiatrie vis-à-vis des personnes handicapées.Puis la prise en compte des handicaps résultant de maladie mentale a évolué progressivement, à partir de 1980. La forte mobilisation des associations de familles et des associations de patients en psychiatrie au début des années 2000 a enfin porté le handicap dit dorénavant psychique au rang des priorités de l’action publique.
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Qualité de l'aide au domicile des personnes fragiles

Recherche : « Evaluer et répondre aux situations de fragilité d’origine psychique au-delà de la barrière des âges »

Cette recherche s’est effectuée entre 2008 et 2011 dans le cadre de l’appel à projets “Qualité de l’aide à domicile des personnes fragiles” :Mire/DREES, CNSA (avec l’ANESM, la Fondation Caisse d’Epargne, les départements Rhône et Paris). Elle s’intègre au programme de recherche du CEDIAS 2007-2012 :« Rapports au monde social et éthique de la discussion »: Avec trois études de cadrage, Le programme du CEDIAS comprend trois recherches nationales : « Tenir » Les situations de vulnérabilité au delà de la barrière des âges (recherche du présent rapport) ; « Accompagner » Quels services d’accompagnement pour les personnes en situation de handicap d’origine psychique ? (Mire/DREES,CNSA avec DGAS, GUP IRESP et UNAFAM, 2008-2010) ; « Communiquer » Les situations complexes de handicap (CLAPEAHA/Groupe Malakoff Médéric, CNSA, 2010-2012).
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Places respectives du sanitaire et du médico-social

Quelles réponses à quels besoins ?

Docteur Pascale GILBERT

Les lois de 2002 et 2005 ont certes fait place à des évolutions du vocabulaire, qui reflètent finalement l’évolution des conceptions du handicap et de la place du secteur médico-social au cours du temps. Les définitions issues du nouveau cadre législatif :La loi de 2005 en particulier parle moins d’éducation et de soins au sein des dispositifs spécifiques. C’est probablement parce qu’elle cherche à nous entrainer dans une logique de « droit commun »pour tous. En effet, depuis plusieurs décennies maintenant, les personnes handicapées elles même sont clairement revendiqué leur place de citoyens à part entière devant avoir accès avant tout aux mêmes droits que les autres citoyens. Elles demandent également les moyens de répondre à leurs besoins spécifiques, ce qui a été introduit dans la loi de 2005 comme le « droit à compensation ». Et on assiste dans le même temps à une forte demande d’une inclusion dans le milieu ordinaire, les intéressés eux-mêmes jugeant souvent « excluant » le dispositif « spécifique handicap tout compris » tel que nous avons pu le développer en France.La compensation est définie de façon large : selon l’art. L.114-1-1 du Code de l’Action Sociale et des Familles, elle englobe de manière générale « des aides de toute nature à la personne ou aux institutions pour vivre en milieu ordinaire ou adapté » en réponse aux besoins des personnes handicapées.
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